Son retour fait grand bruit, son marketing impressionne ou énerve, je veux bien sûr parler de Max. Comme j'avais parcouru son blog et que j'avoue sans honte qu'il m'avait plu, au moins son début, je me suis intéressé au phénomène. De toute façon pour passer au travers du phénomène il fallait vraiment le vouloir, vu que tout le monde en parle et qu'il est même censé passer ce soir à la télé française (là j'avoue que je n'en sais pas plus, la télé française m'étant pour l'instant aussi connue que la topographie des îles Marquises).
Ce qui m'a séduit dans son blog, c'est tout à la fois qu'il dénonçait ce que beaucoup pensent tout bas et ressentent sans oser crever l'abcès, j'ai nommé l'ennui profond dans l'entreprise ; qu'il rentrait dans le lard des préjugés communs tout en incarnant un beauf pétri du même type de préjugés ; qu'il écrivait avec un certain talent ; et puis aussi finalement que c'était la première fois que je m'intéressais de plus près à un blog.
Et puis je me suis lassé. L'intrigue s'est essoufflée avec le temps, la polémique sur l'identité de Max ne me faisait pas vraiment rire, les ficelles devenaient trop grosses, en bref je trouvais que le succès du blog l'avait quelque peu perverti. Et puis il y a aussi eu de la lassitude face au cynisme du personnage et des situations. J'ai moi même usé et abusé du cynisme pendant quelques temps, à différents niveaux. Avec le recul je me rends compte que c'était pour paraître plus grand, plus mûr, genre "je suis celui qui a tout compris et la compréhension ne m'a rien apporté". Le problème du cynisme, c'est qu'il plonge celui qui le pratique dans une spirale dont il est difficile de sortir. A force de voir tout en noir, de dire tout en noir, on finit par vivre tout en noir et de créer ce qu'on dénonce. Pour revenir à Max, c'est donc un cadre qui s'emmerde et qui trouve sa société pathétique, mais qui en la critiquant si bassement et si souvent devient un membre à part entière de cette société pathétique. Et j'en ai eu marre de cette impression d'enfermement, de cul-de-sac. Je me suis dit que dénoncer un système, soit, mais se complaire dedans, non. Il est toujours plus facile de se plaindre que de changer. Moi j'ai surtout changé de lectures.
Et puis j'ai écouté son interview par le grandméchantloupdublog LLM. Et je dois dire que le discours ne colle pas tout à fait avec le blog, et donc certainement avec le bouquin qui reprend plus ou moins la même chose si j'ai bien compris : Max y prône le changement, la recherche du plaisir, la lutte pour la satisfaction, l'humanité non pas des entreprises mais des gens qui la font. La part de marketing dans tout ça ne m'intéresse pas. La position de LLM est bien celle où on l'attendait, pas de surprise de ce côté là. Mais surprise du côté "grand gamin" que semble être Max. Je pense que si il y a quelque chose à retirer de tout ça, c'est justement cette interview et l'explication de la position du bonhomme, bien plus convaincante en quelques minutes que dans tout ce qu'il a écrit. Parce qu'il n'est pas du tout question de cynisme dans son discours, parce qu'on a l'impression qu'il croit à ce qu'il dit (ou parce qu'on veut croire qu'il y croit). Parce que le discours résonne aussi avec quelques-unes de mes convictions : vivre et pas planifier, profiter, réfléchir et prendre du recul, ne pas tout prendre ce qui est dit pour argent comptant. Evoluer et mûrir finalement.
Pour information, la définition de cynisme (source Lexilogos), terme par trop galvaudé par les temps qui courent :
Doctrine des philosophes cyniques qui rejetaient les conventions sociales, les principes moraux, et vivaient selon les préceptes de la nature.
Mépris des convenances, impudence, effronterie.
Si le rejet des conventions sociales et des convenances me parle, n'avoir aucun principe moral et ne vivre que par l'effronterie me semble dénué de sens. Le tout n'est pas de savoir où on veut aller, mais bien au moins d'avoir une petite idée de qui on veut être.
EDIT : Apparemment l'émission c'était ONPP de MOF sur France 3 et d'après Vinvin le Max il s'est fait démonter.