Et voilà ça recommence. Je suis "Mlle N. addict". Il va encore me falloir deux semaines pour m'en remettre.
Heureusement qu'il y a le boulot pour oublier tout ça. Le travail est décidément un formidable outil d'aliénation de masse. Tu bosses, tu bosses, et à la fin tu ne penses plus qu'à ça : bosser, pour le pire et le meilleur, parce que ça semble être la seule solution. Solution à quoi, on se le demande parfois. A ceux qui me répondront qu'il faut faire quelque chose qui nous plaît, je réponds sans sourciller oui. Oui mais, comme le veut la coutume.
Mon mais s'inscrit là où il n'est plus question de faire quelque chose qui plaît mais bien de faire, juste, parce que les délais l'imposent. Il n'y a là plus aucun épanouissement à travailler, il n'y a plus que la satisfaction de pouvoir se mettre dans un lit et se dire, durant le court laps de temps qui nous sépare d'un sommeil de quelques heures sans rêve, "je peux m'arrêter de penser pendant au moins 5 heures, c'est cool".
Que ce soit clair, je ne me plains pas (alors que je suis français. ça doit être un relent helvétique). J'en arrive là parce que j'ai tout débranché pendant cinq jours. Mais j'en suis quand même arrivé au point de gavage en moins de 12h, mon endurance baisse. Il est temps que les examens se finissent.
La chute est d'autant plus dure qu'elle suit une parenthèse extatique. Mlle N. est sans le savoir un de mes rares rayons de soleil. Je souffre quand elle souffre, je ris quand elle rit. Le simple fait de la voir me remplit d'une joie intense. Je suis heureux de faire partie de sa vie, même pour quelques instants. Car Mlle N. a la fâcheuse habitude d'être imperméable à ce que je lui donne et sitôt disparu j'ai la sensation de n'avoir jamais été là. Ou bien c'est moi qui ne vois pas quand ça la touche, mais je doute.
Et alors je me retrouve pris dans un tourbillon de sentiments que je croyaient égarés : je suis jaloux d'une confidence qu'elle fait à d'autres et que je ne connais peut-être pas ; je suis blessé par un refus de candidature alors que je ne suis candidat à rien, du simple fait qu'elle a hypothétiquement accepté l'hypothétique candidature d'un autre (pour ceux qui ne comprennent pas cette dernière phrase, je parle de seskme) ; je me prends à avoir l'envie subite d'un contact physique avec elle, parce qu'elle me manque vraiment, et parce qu'elle est la seule avec qui j'ai partagé certains bouts de ma vie (en revanche là il n'est nullement question de seskme) ; je me surprends surtout à me dire que pour elle je m'installerais volontiers en France. Ou ailleurs d'ailleurs.
Mais tout ceci n'est qu'un passage onirique. Je sais les raisons des difficultés voire de l'impossibilité de cette relation. Je connais les extrémités vers lesquelles cette fille me pousse. Je les ai atteintes une fois, et on ne m'y reprendra plus. La Mlle N. que j'imagine ne correspond pas tout à fait à la vraie Mlle N. Et quelque part c'est ça qui m'attire encore plus.
Pour finir cet intermède, j'ai vu de mes yeux un homme amoureux ce week-end. Un mélange d'amour réfléchi, mûr et d'amour totalement insouciant. Il m'a parlé de sa belle avec des étoiles dans les yeux, de l'excitation dans ses mains ; il m'a dit les anecdotes que d'aucuns trouveraient banales voire insignifiantes mais qui signifiaient tout pour lui. Et moi, bêtement souriant devant ce sentiment qui m'est étranger, je n'ai su que répondre.
A propos de la reconquête de son couple, car reconquête il y a, il m'a dit "je cours nu vers un ravin". J'ai trouvé cette image belle et tellement vraie. Et je me suis dit que pour une fois, la vie devrait bien nous pondre un happy end.
Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants...