Je m'étonne encore et toujours de ce schéma familial qui apparaît dans pour ainsi dire toutes les familles que je connais : avec le temps se forme une sorte de hiérarchie dans la fratrie (je rêvais d'écrire un jour ce mot). Chacun occupe une place, un rôle plus ou moins choisi et tout manquement à ce rôle est perçu comme une sorte de dédain vis-à-vis de la famille, un refus de celle-ci voire carrément un rejet.

Seul (maigre) avantage à cette situation de non-conformité (ça aussi ça pète), l'éclatement au grand jour des conflits, mais bon pendant un repas dit d'anniversaire on cherche à éviter quand même.

Et je m'interroge. Quand j'ai quitté la maison, j'ai changé. Je suis ensuite parti à l'étranger, j'ai encore changé. Je n'appréhende plus les situations de la même façon, je n'ai plus les mêmes envies, plus les mêmes réactions. Et pourtant je garde cette même image auprès d'eux, qui si elle n'a jamais été complètement juste, était au moins compréhensible auparavant. Mais plus maintenant, alors que je fais des efforts à la fois pour écouter et m'ouvrir.

Je n'aime pas entrer en conflit avec les gens que j'aime, encore moins quand il existe dès le départ une base d'incompréhension ou de méconnaissance. Je n'aime pas me sentir en décalage pendant tout un repas, et je n'aime pas m'énerver tout seul parce que j'ai l'impression d'être le seul à voir qu'il y a à la fois et méconnaissance, et incompréhension.

Alors c'est lâche, petit, faible, ce qu'on voudra. Mais je suis vraiment soulagé de repartir dans trois jours. L'impression de manquer un peu d'air et d'espace.