Quelle douce satisfaction de savoir qu'on pourrait crachoter son petit bonheur à la figure des gens, et ne pas le faire pour garder ce petit bonheur intact...

Je dois bien avouer que cet état soudain ne favorise pas la communication en général, et l'écriture encore moins. A croire qu'on n'est bon qu'à se plaindre, que la productivité littéraire est vissée au mal-être, que l'inspiration ne naît que du désarroi.
Je n'ai que des saillies fades à coucher sur l'écran de mes pensées. Le petit bonheur qui énerve mais qui fait dire aux cyniques indulgents : "qu'ils en profitent car ça ne durera pas".
Et moi de penser, tout à ma petite histoire banale au possible, que bien sûr que ça ne durera pas, à moins que... on ne sait jamais...
Le romantisme fleur-bleue n'est jamais bien long à pointer son nez.

Heureusement il me reste le métro pour m'énerver, avec ces couples encore plus pathétiques que le mien, à la limite de la bêtise et de l'indécence. Leur tête semble perdre ce que leur coeur gagne. Leurs mains ne vont plus que deux à deux, ils se donnent la becquée et se couvrent de compliments plus niaiseux les uns que les autres. Et des fois un éclair douloureux de lucidité me fait me reconnaître en eux, horreur.

Heureusement il me reste ma thèse pour déprimer, ces équations qui ne marchent pas comme on voudrait, ces théories qui défilent sous mes yeux sans que je n'y comprenne rien, ces bouts de code informatique sales et, je le soupçonne très fortement, erronés. Persévérance aveugle, espoir fou, je me dis qu'il me reste deux années et neuf mois pour comprendre, améliorer, chercher et trouver.

Et entre temps, entre le café, les équations et le métro, mon esprit vagabonde entre mes souvenirs, mon prochain voyage et ma douce. Je vais bien. Et je l'écris, juste pour énerver les quelques égarés qui traînent par ici.